Le Coup d’État du 15 Janvier 1966: Une Époque Tumultueuse de Lutte pour le Pouvoir au Nigéria

Le Coup d’État du 15 Janvier 1966: Une Époque Tumultueuse de Lutte pour le Pouvoir au Nigéria

Le Nigéria, ce pays vibrante d’Afrique de l’Ouest, possède une histoire riche et tumultueuse, marquée par des périodes de progrès spectaculaire suivies de crises politiques profondes. Parmi ces événements qui ont façonné le destin du pays, le coup d’État du 15 janvier 1966 occupe une place particulièrement importante. Ce jour-là, un groupe d’officiers de l’armée nigériane, menés par le major Chukwuma Kaduna Nzeogwu, prit le pouvoir dans une tentative audacieuse de renverser le gouvernement civil dirigé par le Premier ministre Sir Abubakar Tafawa Balewa.

Cet événement marqua le début d’une période chaotique pour le Nigéria, plongeant le pays dans une spirale de violence et d’instabilité politique qui allait durer des années. Avant d’explorer les détails du coup d’État et ses conséquences, il convient de revenir sur le contexte politique tendu qui a précédé cet événement déterminant.

Les Tensions Préalables: Une société divisée

À la veille du coup d’État, le Nigéria était une jeune nation en pleine construction, confrontée à des défis considérables. Malgré son indépendance acquise en 1960, les divisions ethniques et religieuses persistaient au sein de la société nigériane. Les Haoussas du nord étaient majoritairement musulmans, tandis que les Yorubas du sud-ouest et les Ibos du sud-est étaient principalement chrétiens.

Ces différences culturelles et religieuses se traduisaient par des tensions politiques croissantes. Les groupes ethniques se disputaient la répartition du pouvoir et des ressources, alimentant un climat de méfiance et de suspicion. L’économie nigériane, largement dépendante de l’agriculture et de l’exportation de produits agricoles comme le cacao et le caoutchouc, connaissait également des difficultés.

La corruption était répandue au sein du gouvernement, tandis que les inégalités sociales étaient criantes. Dans ce contexte instable et fertile en frustrations, le mécontentement envers le gouvernement de Sir Abubakar Tafawa Balewa grandissait parmi certains segments de la population, notamment dans l’armée.

Les Motivations du Coup: Un désir de changement radical

Les motivations exactes des officiers qui ont mené le coup d’État du 15 janvier 1966 sont complexes et sujettes à interprétation. Ils ont dénoncé la corruption rampante au sein du gouvernement, l’incapacité du Premier ministre à gérer les crises ethniques et économiques, ainsi que le manque de progrès social dans le pays.

Le major Chukwuma Kaduna Nzeogwu, considéré comme le leader principal du coup d’État, était un officier ambitieux et idéaliste qui croyait fermement que l’armée pouvait jouer un rôle crucial dans la transformation du Nigéria. Il promettait une gouvernance plus juste et plus efficace, débarrassée de la corruption et des divisions ethniques.

Les Conséquences: Une spirale de violence

Le coup d’État du 15 janvier 1966 déclencha une vague de violence et d’instabilité politique au Nigéria. Sir Abubakar Tafawa Balewa et plusieurs autres hauts fonctionnaires furent assassinés. Le général Johnson Aguiyi-Ironsi prit le pouvoir, promettant de rétablir l’ordre et de mettre en place un nouveau régime.

Cependant, le coup d’État exacerba les tensions ethniques déjà présentes dans le pays. Les Ibos du sud-est, majoritairement chrétiens, étaient accusés d’être derrière le coup d’État, ce qui déclencha des pogroms violents contre la communauté Igbo dans le nord du Nigéria.

Des milliers d’Igbos furent tués et déplacés, créant une profonde méfiance entre les différentes communautés ethniques du pays. Cette violence conduisit à un deuxième coup d’État en juillet 1966, mené par des officiers du Nord, qui aboutirent à l’assassinat du général Aguiyi-Ironsi et à la prise de pouvoir du lieutenant-colonel Yakubu Gowon.

Le Nigéria était désormais divisé entre deux camps opposés: le Nord musulman soutenant Gowon et le Sud chrétien défendant les intérêts des Ibos. Cette division conduisit à une guerre civile dévastatrice qui dura trois ans, de 1967 à 1970.

L’Héritage du Coup d’État

Le coup d’État du 15 janvier 1966 a profondément marqué l’histoire du Nigéria. Cet événement a non seulement bouleversé le paysage politique du pays mais a également contribué à exacerber les tensions ethniques et religieuses qui persistent encore aujourd’hui. Il a inauguré une période de guerres civiles, de coups d’État successifs, et de gouvernance militaire instable qui ont freiné le développement économique et social du Nigéria pendant plusieurs décennies.

Cependant, il est important de noter que cet événement complexe ne peut être résumé à un simple récit de violence et de chaos. Le coup d’État du 15 janvier 1966 reflète également les aspirations profondes d’une partie de la population nigériane qui souhaitait voir émerger une nation plus juste, plus équitable et plus unie.

Le débat sur les causes profondes du coup d’État, ses conséquences à long terme, et son héritage pour le Nigéria d’aujourd’hui reste ouvert et mérite une réflexion approfondie.